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Notes de lecture
Tewfik GUERROUDJ, Pourquoi faire de l’urbanisme ? Paris, ?d. Confluences,
Ammara Bekkouche
p. 181-184
Texte intégral
1? la fois architecte et urbaniste, Tewfik Guerroudj se qualifie lui-même comme un artisan urbaniste, selon l’appellation de son atelier d’études, de conseil et de formation, créé au bout d’une quarantaine d’années de pratique de l’urbanisme. On saisira l’allusion plus avant, en rapport aux t?ches <> qu’il préconise pour toute démarche d’intervention urbaine, sans doute pour exprimer sa récusation de la répétitivité des modèles. Il associe à cet effet, pratique urbanistique et études opérationnelles à ses activités pédagogiques et autres questionnements qui ont jalonné sa carrière.
2La problématique abordée se noue autour de la pratique de l’urbanisme face à l’adaptation continue de la ville aux nouveaux besoins et aux changements sociaux. Le laisser-faire conduit à une homogénéisation de la ville, à un accroissement de la ségrégation socio-spatiale, et en fin de compte, à une dégradation de la qualité urbaine. L’accès aux ressources urbaines (emplois, équipements, service…) devient plus difficile, la qualité du fonctionnement et des espaces publics se dégrade. C’est ce qui a conduit de nombreuses autorités urbaines de villes en crise à mener énergiquement des projets d’agglomération, de ville, et des projets urbains.
3La nécessité d’une nouvelle culture urbaine, telle qu’exposée dans la préface de Francis Cuiller, recentre l’idée de ville en tant qu’oeuvre collective impliquant de la compétence, de la technique, de la sensibilité et de la créativité afin de savoir traiter au mieux toutes les dimensions (p. 8).
4La question de <> renvoie, d’emblée et inévitablement, aux interrogations subsidiaires du qu’est-ce que et comment[en] faire si l’on n’a pas une représentation de la ville, de ses caractéristiques, de ses avantages et inconvénients, ou encore des possibilités et modalités d’actions des acteurs et de leurs logiques ? (p. 15). Les études d’urbanisme requièrent de la clarté dans les intentions d’aménagement en fonction des dépenses qui peuvent être supportées. Elles imposent en outre, d’opter pour des choix compte-tenu des usages, de la réduction des risques, de la réponse à des besoins, de l’exploitation des ressources,… bref, à accomplir du <> orienté par des objectifs, en articulant plusieurs thématiques et à différents niveaux. Selon l’auteur, le recours aux <> (p. 163).
5L’ouvrage enrichi de notes et d’une bibliographie indicative commentée, présente clairement les enchainements de causalités, les possibilités d’actions à l’épreuve des situations complexes, et permet une lecture, soit en continu, soit par thème, de manière à accéder aux sujets de recherche gr?ce à un index détaillé.
6La première partie intitulée, Une nouvelle pratique sociale, porte sur l’histoire de l’urbanisme, le sens de la ville, et la nécessité de l’action publique. Entres autres références, les idées de la Charte d’Athènes (1933) et les travaux de Fran?oise Choay (1979 ; 1992) fournissent un éclairage sur les évolutions respectives qui ont conduit à légiférer -ou non- pour réglementer les procédures d’intervention urbaine. En France, une série de lois de 1919 (Loi Cornudet) à 2010 (Loi Grenelle 2), se sont succédées avec toujours de nouveaux défis relatifs aux conséquences mondiales du réchauffement climatique. Pour assurer de la qualité à la vie urbaine, les enjeux anthropologiques et les ressorts de l’action humaine, pr?nent de considérer les rapports des hommes entre eux et avec leur milieu. <> (p. 47).
7La deuxième partie s’attache à démêler le foisonnant dispositif réglementaire pour agir sur la ville et le foncier. Un détour terminologique nous instruit sur le vocabulaire spécialisé des concepts utilisés en rapport à la fiscalité de l’urbanisme, et à la question foncière. Leur ingénierie dépendra de plusieurs facteurs et d’options d’usage de la plus-value de l’urbanisation orientée, en France, par le maire.
8Au chapitre des normes et de leur actualisation, les définitions des périmètres, de la propriété et du droit, procèdent à la catégorisation des espaces et des lieux à protéger, sous le signe des compétitions économiques et financières. L’exigence de cohérence est mise au centre des agencements entre les procédures d’aménagement, la volonté des habitants et le co?t du foncier. Cet impératif de coordination, a donné lieu à la conception du SCoT (schéma de cohérence territoriale, dont l’équivalent le plus proche en Algérie serait le schéma directeur d’aménagement d’aire métropolitaine) qui <> (p. 81).
9Les méthodes de l’action proposées à la troisième et dernière partie de l’ouvrage, couvrent la composition urbaine, l’analyse morphologique de la ville, le projet urbain. Présenté comme une pratique peu insérée dans les procédures, même si au demeurant l’expression projet urbain s’est quelque peu banalisée, il se différencie du projet de ville en tant que processus de négociation qui construit des liens et du sens aux actions d’intérêt commun. <> (p. 129). Mais comme pour toute intention prévisionnelle en matière d’urbanisme, des obstacles factuels peuvent contrarier la réalisation du projet urbain. <> (p. 139). Sont aussi signalés, entre autres, <>, notamment pour ce qui concerne le contexte fran?ais.
10Du fait de la complexité qui caractérise les mécanismes de l’urbanisation, il est intéressant de pouvoir suivre le raisonnement sur l’action foncière et l’aménagement, et l’explication de la technique du compte à rebours pour fixer le prix du terrain à construire. Cette logique généralisée pousse à la hausse les montants ainsi déterminés en rapport à l’usage possible le plus rentable.
11Les gestionnaires de l’urbain gagneraient à …>> mettre en place des dispositifs de collecte de données, de production d’indicateurs de montage d’observatoire(s) >> (p. 151) pour orienter leurs actions en prenant mieux en compte la situation réelle. Ils pourraient ainsi proposer des alternatives et des opérations d’aménagement qui engagent l’avenir en adéquation avec les potentialités, les ressources et les investissements mobilisables, et les attentes des usagers. L’application sur le Schéma directeur du Grand Alger en 1982 illustre cet aspect de la prospective dite itérative, le pendant technique de la démarche scientifique hypothético-déductive.
12Si la deuxième partie sur les procédures et instruments est spécifiquement traitée pour la France, elle décrit, néanmoins, des mécanismes valables en d’autres lieux. La première partie sur l’émergence de l’urbanisme, et surtout la troisième sur les méthodes de l’action ont une validité générale. L’ouvrage donne un aper?u relativement complet des questions d’urbanisme à l’intention de lecteurs voulant comprendre la pratique de l’urbanisme : étudiants, décideurs, citoyens, promoteurs, et autres praticiens.
13Pour conclure, l’auteur revient sur le r?le de l’action publique et de sa nécessité pour la concrétisation du lien social face à des conditions urbaines de plus en plus contraignantes. Il constate qu’une réglementation d’urbanisme ambitieuse (et légitime), qui ne se donne pas les moyens d’atteindre les objectifs fixés, revient pour les praticiens de l’urbanisme <> (p. 166).
Du même auteur, les éditions Confluences ont publié en 2010, un manuel intitulé Petit vocabulaire de l’urbanisme.
Pour citer cet article
Référence papier
Ammara Bekkouche, <<&Tewfik GUERROUDJ, Pourquoi faire de l’urbanisme ? Paris, ?d. Confluences,
p&>>, Insaniyat / ????????, 57-58&|&4.
Référence électronique
Ammara Bekkouche, <<&Tewfik GUERROUDJ, Pourquoi faire de l’urbanisme ? Paris, ?d. Confluences,
p&>>, Insaniyat / ???????? [En ligne], 57-58&|&2012, mis en ligne le 30 juin 2015, consulté le 10 octobre 2017. URL&: http://insaniyat.revues.org/13802
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Disparition
Mort de la militante algérienne communiste Jacqueline Guerroudj - Indépendantiste entre deux rives
jeudi 22 janvier 2015,
La militante Jacqueline Guerroudj, qui a oeuvré activement pour l’indépendance de l’Algérie, vient de nous quitter. Ses obsèques se tiendront aujourd’hui, à 13 heures, au cimetière El Alia d’Alger.
La doyenne des moudjahidate est partie. Agée de 95 ans, la Moudjahida - littéralement «&femme combattante&»
- Jacqueline Guerroudj est décédée dimanche dernier à Alger, des suites d’une longue maladie a-t-on appris par ses proches. Cette femme aux engagements exceptionnels a éprouvé les plaies du 20e siècle. Parmi ses nombreux combats, l’histoire retiendra la manière dont elle s’est illustrée en faveur de l’indépendance de l’Algérie. «&Née en 1919 à Rouen, de famille fran?aise et de confession israélite, elle fit des études de philosophie et de droit. Internée à Tours au début de 1942 par les nazis, elle échappa à la déportation et à la chambre à gaz en réussissant à gagner la zone Sud.
Nommée institutrice en Algérie, elle y épouse en 1951 Abdelkader Guerroudj, instituteur lui aussi, membre du Parti Communiste Algérien&» résume en 1957 Pierre Durand, journaliste à l’Humanité. Dans cette période, la militante intègre le réseau du Comité de défense des libertés (CDL) et s’engage, en 1956, au Front de Libération nationale (FLN) comme agent de liaison dans les commandos de l’Armée de libération nationale (ALN). Ces faits lui vaudront d’être arrêtée et condamnée à mort en 1957. Si elle échappe à l’application de cette peine, son compagnon de lutte, l’ouvrier syndicaliste Fernand Iveton, est lui exécuté, en dépit d’un recours en gr?ce et des efforts répétés de Jacqueline pour le sauver.
«&Ce matin, ils ont osé/Ils ont osé/Vous assassiner/C’était un matin clair/Aussi doux que les autres/Où vous aviez envie de vivre et de chanter&» écrit, dans une plainte poétique, Annie Steiner.
«&Je vais mourir, mais l’Algérie sera indépendante&» furent les dernières paroles entonnées par le militant communiste avant d’être guillotiné. Eclair de lucidité dans le ciel de la mort. L’indépendance établie, Jacqueline poursuit une carrière de bibliothécaire à la Faculté d’Alger tout en élevant ses cinq enfants.
Pour mesurer l’intégrité de cette femme qui a fait l’histoire entre deux rives, il est utile de relire La Guerre d’Algérie (Temps Actuels, sous la direction d’Henri Alleg). Dans un passage qui relate le procès retentissant des «&combattants de la libération&» du 4 au 7 décembre devant le tribunal permanent des forces armées d’Alger, Jacqueline revient fièrement sur la nature de ses convictions, qui évoquent la couleur de l’époque&:
«&Sous l’occupation nazie en France, j’ai été, en tant que juive, internée dans un camp de concentration pendant un temps assez bref d’ailleurs&; mais j’ai été aidée et sauvée, ainsi que d’autres membres de ma famille, par des résistants fran?ais, alors que je n’avais aucune conscience, aucune activités politiques. J’ai pleinement réalisé qu’il y avait des circonstances où il était impossible de ne pas prendre position et que j’avais contracté une dette que me suis promis de payer dès que j’en aurais l’occasion. Toute mes sympathies allaient au communisme, mais je n’ai commencé à militer que lorsque je me suis installée en Algérie, pour pouvoir lutter efficacement contre les injustices que j’avais constamment sous les yeux et qui me révoltaient&».
Nicolas Dutent
P.-S.* &&Disparition. Jacqueline Guerroudj, indépendantiste entre deux rives&&&: